Bangkok Blues 6
Les jardiniers de Patong
J'avais bien senti et bien jugé de la situation de David après notre fameuse nuit de Ko Samuï où nous avions fait l'amour ensemble (voir l'épisode précédent). Le lendemain, il était songeur et absent. Le soir venu, je lui ai fait part de mon observation. Il ne nia rien; au contraire, il aborda gentiment le sujet avec moi. Il ne voulait pas poursuivre une relation avec moi qui ne pourrait être que de plus en plus profonde voire amoureuse. Il avait besoin de prendre une certaine distance pour intégrer ce qu'il avait vécu avec moi au cours des dernières semaines. Aussi, il voyait que le temps passait et que, même s'il était immensément reconnaissant envers moi de ce que je lui avais permis de vivre et de découvrir, heureux de toutes les expériences mises sur sa route, cette dernière semblait néanmoins se dresser devant lui et l'inviter à partir. Son voyage en Asie ne ressemblait pas du tout à ce qu'il avait prévu qu'il fût à son départ. Il était très heureux de la direction que ce voyage avait prise jusqu'à présent, mais il souhaitait cependant reprendre sa ligne de départ et tenter de se retrouver par le fait même.
J'avais de la peine. Mais je comprenais que je ne pouvais rien faire. Il devait faire le prochain bout de chemin tout seul. Deux jours plus tard, on reprenait le bateau pour Surat Thani où je le déposais sur le quai de la gare devant l'Express de nuit pour Bangkok. On s'est promis de s'écrire à la poste restante de Bangkok (les courriels étaient rares à cette époque) et de se rejoindre incessamment si l'on se manquait trop l'un l'autre. Il avait peur car il allait désormais être tout seul en Asie. Mais il avait appris beaucoup de choses avec moi dont il saurait bien se rappeler au besoin.
Après le départ du train, j'ai pris un bus pour Phuket. Souvent dans le passé, quand j'avais le c?ur gros de chagrin, j'allais à Patong pour pleurer et me refaire une âme. Je m'y suis donc installé dans cet hôtel-jardin que je connaissais bien, situé tout près de la plage et qui a été emporté presque complètement par le Tsunami de 2001.
L'hôtel était composé de bungalows disposés dans un très beau jardin tropical au fond duquel se trouvait une large et invitante piscine. Les installations officielles, réception, salle à manger etc., tout cela était situé de l'autre côté d'une petite rue de sorte que les bungalows jouissaient d'une exceptionnelle tranquillité qui favorisait la visite des «oiseaux» de toutes sortes.
Évidemment, un hôtel-bungalows situé dans un vaste jardin tropical exige les services de nombreux jardiniers. C'est ainsi que j'ai pu constater, dès mon réveil, le premier matin, que plusieurs beaux garçons étaient déjà à l'?uvre devant mon bungalow s'affairant qui à racler les feuilles mortes tombées durant la nuit, qui à tailler une haie, qui à regarnir des platebandes qu'une forte pluie nocturne avait défaites etcetera??
Celui qui travaillait directement devant ma fenêtre était sans doute un garçon du Nord-est (Isarn) car il avait les traits caractéristiques de ceux qui viennent de cette région. Il existe deux sortes de Thaïs : les Thaïs noirs et les Thaïs blancs. Aucun n'est vraiment noir ni vraiment blanc. C'est seulement une appellation pour désigner leur origine «raciale». Les Blancs ont effectivement le teint plus clair que les Noirs et ils ont aussi les traits plus fins. Ils sont plus délicats de constitution à la manière des Vietnamiens. Ils proviennent du nord de la Thaïlande dans les régions de hautes montagnes en direction de la Birmanie et de la Chine du Yunnan. Ils faisaient autrefois partie de ce pays qu'on appelait Lanna Thaï (le pays aux millions de rizières). Ils vivaient autour de Chang Maï et Sukhothaï.
Les Thaïs noirs ont les traits plus négroïdes avec les narines assez larges. Ils sont plus costaux que les Blancs, souvent plus grands, et ils ont toujours l'air un peu farouche ou méfiant. Ils viennent du Nord-est de la Thaïlande et du Laos, des hauts plateaux de Nakhon Ratchasima, de ce pays appelé autrefois Lan Chan Thaï (pays aux millions d'éléphants). Leur foyer de culture était Luang Pabang au Laos.
Une caractéristique sexuellement importante que j'ai pu constater à plusieurs reprises, c'est que, en général, les Blancs ont un membre viril d'une grosseur normale ou en-dessous de la moyenne alors que les Noirs sont «instrumentés» plutôt fortement.
De toute évidence, celui qui travaillait devant ma fenêtre était un Thaï noir. Il avait un pantalon de travail assez ample mais qui ne découpait pas moins ses belles fesses oblongues et massives. Il avait aussi cette chemise tout à fait typique des Thaïs qu'on appelle une Prem en hommage à l'un de leurs premiers ministres (Prem) qui avait prit l'habitude d'en porter une régulièrement. Il était coiffé du chapeau de jonc des travailleurs de rizières mais en forme de pyramide tronquée, à la Thaï, et non pas comme celui des Vietnamiens conique et pointu. Mais, c'est sa figure naturellement basanée, non pas seulement à cause de son exposition au soleil, et ses narines larges malgré un nez droit et régulier qui me firent conclure qu'il était bien du Nord-est. Je lui ai fait un salut de la main auquel il a gentiment répondu en l'accompagnant d'un magnifique sourire.
Un peu plus tard, au cours de l'avant-midi, je me retrouvai dans le jardin et je le vis entouré de deux autres jardiniers également du Nord-est si je me fiais à mes critères habituels d'identification des origines. Il y en avait un des trois qui marquait une nette différence avec les deux autres. Il était grand, mince, voire maigre, et affichait un air quasi sauvage, farouche, comme s'il se méfiait de quelque chose, ne souriant pas et paraissant fermé aux contacts avec les étrangers. Il semblait cependant à la fois curieux et choqué de l'attitude affable et communicative des deux autres à mon égard.
Le troisième ressemblait un peu, de figure du moins, au «cadeau» que j'avais reçu pour deux nuits à Ko Samuï, mais beaucoup moins parfait, façonné de cette sorte d'imperfection qui faisait dire à l'un de mes bons amis aujourd'hui décédé que c'était «un beau laid ». J'exagère. Car il était beau. Mais il avait toutes sortes de petits défauts qui défaisaient l'ensemble. Il avait les narines trop largement empattées, un teint trop sombre, des joues trop rondes, de grands yeux qui donnaient un regard surpris et perdu, des bras et des jambes très fines au bout d'un corps tout de même assez musclé et bien fait. C'était le plus jeune des trois. Il devait avoir au plus 16 ans. Les autres faisaient environ entre 20 et 24 ans.
Mais, l'ensemble dégageait quelque chose de très sexuel et d'extrêmement attirant de sorte que si l'on m'avait fait choisir l'un des trois pour une nuit, ce dernier étant carrément le moins beau, je crois que je l'eusse préféré aux deux autres sachant que je prenais ainsi délibérément parti pour l'étrange contre le beau.
Reconnaissant que j'étais la personne qui l'avait salué le matin même de la fenêtre de son bungalow, Suthaï, le premier jardinier aperçu justement ce matin, s'approcha pour me parler. Il me salua gentiment et commença à me poser les séries de questions à débouler devant les étrangers que beaucoup de Thaïs semblent avoir appris par c?ur depuis leur toute première enfance. « Comment vous appelez-vous? D'où venez-vous? Où est votre femme? » Et si notre réponse est évasive ou hésitante ou négative, ils demandent pourquoi elle n'est pas venue ou pourquoi ne sommes-nous pas mariés? Puis, la série se poursuit : «Quel âge avez-vous? Quel est votre travail? Gagnez-vous beaucoup d'argent? Avez-vous une maison et une automobile? Quelle sorte de voiture?» S'ils obtiennent des réponses encourageantes à ces premières questions, d'autres plus personnelles suivent : « Avez-vous des enfants? Pourquoi pas? Aimez-vous les filles? Et les garçons? Cherchez-vous une compagne pour longtemps, une semaine, une nuit? Ou un compagnon?..............
Dès que les deux autres, vraisemblablement en pause, virent que Suthaï semblait obtenir des réponses à ses premières questions, ils se sont approchés pour entendre ces dites réponses et être en mesure d'ajouter une question si Suthaï faisait quelque oubli de la liste préalablement, culturellement et tacitement établie il y a des siècles peut-être.
Tous souriaient ou riaient de mes réponses, surtout quand je leur dit, pour les faire rire justement, que «j'avais tué ma femme parce qu'elle m'empêchait d'avoir du sexe avec des garçons». Ils comprirent immédiatement que je me moquais d'eux mais, en même temps, ils étaient excités par l'ambiguïté du message.
Le beau-laid me demanda comment j'avais fait pour la tuer. Je fis le geste qui tord un cou avec les deux mains. Son visage s'illumina pour la première fois et j'avais l'impression d'avoir vu juste et que ce beau-laid cachait une âme délicate et une innocence d'une grande pureté. Il m'avait aussi l'air de quelqu'un de très solitaire, voire esseulé. Il s'appelait Chatchoï.
Le grand mince, qui s'appelait Tanom, observait la scène avec intérêt mais sans passion visible. Il avait l'air d'un garde du corps affecté à la surveillance immédiate du président des États-Unis. Il regardait partout autour pour voir s'il n'était pas observé ou si quelqu'un, que j'aurais pu cacher dans un recoin quelconque, n'allait subitement faire irruption et le trucider. Cependant, quand il me vit faire le geste de tordre le coup de ma femme, lui aussi éclata d'un large sourire et j'ai senti que je venais, sinon de le conquérir, du moins de faire tomber ses remparts les plus extérieurs.
Cette rencontre fut la première d'une série d'autres qui eurent lieu quelques fois par jour. Ils venaient systématiquement prendre leur pause avec moi dès qu'ils s'apercevaient que j'étais au bungalow ou dans le jardin ou près de la piscine. Je leur offrais des rafraîchissements et nous avions l'air d'être devenus une bande de bons copains. Tanom restait toujours un peu en retrait et Chatchoï, très près de moi, demeurait muet. C'est Suthaï qui faisait la conversation.
Une semaine passa quand, un jour, ils m'invitèrent sur la plage vers 17h30 où se déroulerait une compétition de foot. Ils voulaient que je sois là pour les encourager. Je ne doutais pas qu'ils souhaitassent que je paie les consommations pour célébrer leur victoire si tel était le cas, mais ils étaient si gentils et si généreux de leur amitié et de leur affection que je n'avais aucune objection à être un peu «exploité». Est-on d'ailleurs exploité quand on fait plaisir à des gens qui ne peuvent jamais, ou presque jamais, se payer justement ces petits plaisirs de la vie, si naturels dans nos pays occidentaux?
Malheureusement pour eux, ils ont perdu la joute. Mais, je leur offris tout de même le verre de la consolation, plus amer que celui de la victoire, mais aussi tendrement offert par moi qui ne comprenait rien aux règles du foot et qui était aussi surpris qu'ils aient perdu que je l'eusse été s'ils avaient gagné. Autour du verre de consolation, la conversation porta sur les motifs de leur défaite. Ils en vinrent à me dire que leur équipement était défectueux, tout particulièrement leurs chaussures et leurs chaussettes. Les chaussettes trouées les blessaient et les chaussures élimées par le temps glissaient trop sur le sable. «Faudrait les changer!», leur dis-je. « Alek! (ils ne peuvent pas prononcer deux consonnes de suite, donc le X qui se prononce normalement «ks» (Aleks) devient simplement K), me dit Suthaï, Maï mii ngneun! (je n'ai pas d'argent) Maï daï paï seu khong (Je ne peux pas aller faire du shopping). »
«Mais moi, j'en ai un peu, leur dis-je, et je peux aller faire du shopping». Il fut convenu que le lendemain, jour de congé de Suthaï, il viendrait avec moi à Phuket Town pour acheter des «running» et des chaussettes. Il achèterait également des chaussettes à Chatchoï et à Tanom, mais ces deux là devraient attendre leur jour de congé pour venir avec moi acheter leurs «running». Ils étaient fous de joie. En souriant, je leur dis qu'ils devaient cependant, en laissant malicieusement planer un léger doute, s'engager à gagner une prochaine joute sinon ils devraient me rembourser en «nature». Tous rirent de bon c?ur, un peu inquiets cependant, du sérieux possible de ma remarque.
Le lendemain, Suthaï se pointa à l'heure convenue et nous revinrent en après-midi les bras chargés de butin de sport. Je leur avais acheté aussi des t-shirts et des shorts qu'ils s'empressèrent d'essayer, chez moi, dans mon bungalow, sans trop grand souci de pudeur, sauf Tanom, le grand Tanom qui essaya ses fringues dans la salle de bain. Mais l'atmosphère était à la joie et à la reconnaissance. Ils rentrèrent heureux ce soir-là dans leurs quartiers, sorte de baraque offerte par le propriétaire de l'hôtel à ses employés. Mais, avant de partir, Suthaï me glissa à l'oreille qu'il viendrait me voir «Thii Sii Tum» (à la quatrième heure du Tum, soit 22 heures). Je me demandais bien ce qu'il voulait à cette heure-là. « Bah! On verra bien» conclue-je et je me préparai pour aller dîner. Il faisait déjà noir comme c'est toujours le cas vers 19 heures sous les tropiques.
Il arriva à 22h05 presque au son du gong. Il s'était lavé, coiffé, habillé tout en propre et légèrement parfumé de cette poudre aromatisée subtilement à l'héliotrope dont les Thaïlandais se couvrent le corps après la douche. Il arborait un large sourire. Il me montra, dès son entrée, qu'il portait les chaussettes et les baskets que je lui avais achetées. Je n'osais pas lui demander pourquoi il avait manifesté le désir de me voir ce soir là. Mais j'avais bien hâte de pouvoir deviner ou de connaître ses vrais motifs. Il ne tarda pas trop à les exprimer.
« You, vèly good man! (Toi être un bon gars!)» me dit-il en faisant un effort pour parler Anglais. «You vèly good fol me (Toi très bon pour moi). Me like to be good fol you (Moi aimer être bon pour toi). I see you like me (Je vois que tu m'aimes). Me like have sek wiz you (Moi aimer avoir sexe avec toi). You want me? (Tu me veux?)»
Comment refuser ce qui était si gentiment et si tendrement offert? Surtout que je ne m'attendais pas du tout à cela. « Phom raak khun! Khun pen peuen phom» (Oui, je t'aime. Tu es mon ami» répondis-je en Thaï. Il laissa s'épanouir un autre magnifique sourire et commença à se dévêtir.
Assis dans mon fauteuil, je le regardais faire. Il enleva tout, sauf son slip, mais il était magnifiquement bandé sous le coton de ce dernier. Puis, il s'assied sur le bord du lit et me fit signe de me dévêtir. J'enlevai tout sauf mon slip mais j'étais aussi bandé que lui. Il s'allongea sur le lit. Je grimpai sur lui. Qu'il était beau et qu'il sentait bon! Il s'était préparé à me faire plaisir comme on se prépare pour une grande fête. Ce seul geste était en soi une extraordinaire récompense. Il murmura à mon oreille : « Suck me (Suce-moi)!» J'ai descendu lentement son corps en m'attardant sur chaque coin où il me semblait qu'il y trouverait du plaisir. J'admirais la fermeté de sa peau. Ses muscles étaient tendus comme ceux d'un athlète et sa peau était comme du satin. Il respirait fort et ses yeux me regardaient avec avidité et abandon tout à la fois. Quand je baissai son slip, il émit une sorte de plainte de soulagement et me regarda pendant que j'admirais son magnifique morceau, sa belle queue presque bleue et son sac de couilles tendu et ferme comme une orange de Séville. Il sentait bon de partout. Sa queue avait été bien lavée et ses couilles sentaient cette poudre de douche si caractéristique en Thaïlande. Son cul allait sûrement sentir la même chose.
C'était un peu dommage car je perdais ses odeurs personnelles. Mais il avait fait tout ce «ménage» pour me faire plaisir. Je n'allais pas le lui reprocher tout de même.
Quand je mis sa queue dans ma bouche, il émit une autre grande plainte de satisfaction. Pendant que je le suçais, il se cambrait, relevait les fesses, se tournait de côté, gémissait et laissait paraître son entière satisfaction et reconnaissance. Quand j'ai relevé ses jambes et entrouvert ses fesses, il se braqua quelques secondes puis relâcha tension subitement comme s'il décidait de tout accepter venant de moi. Mais je ne voulais pas l'effrayer. Je voulais seulement lui lécher le cul et goûter à ce trésor que je convoitais depuis plusieurs jours quand le vent collait le tissu de son pantalon sur ses fesses et laissait voir la forme resplendissante de son cul. C'était délicieux malgré les trop fortes fragrances d'héliotrope. La force de ses fesses qui poussaient pour refermer sans cesse l'accès à son trou et interdire à ma langue la vallée de sa craque, tout cela faisait de cet exercice un véritable combat, une épreuve d'endurance dont le trophée valait l'effort consenti.
Finalement, j'arrivais triomphalement à lui pénétrer l'anus et à l'entendre gémir de satisfaction quand, subitement, il se releva debout sur le lit, les jambes écartées me faisant signe de me mettre à genoux devant lui, la figure directement devant son gland. Il émit quelques grands soupirs et cracha sa purée de foutre dans ma figure. Je crois bien que, de ma vie, je n'en ai jamais reçu autant. Un véritable repas concentré! Une soupe paysanne! Puis, après un dernier long soupir, il se laissa tomber sur le lit et m'indiqua qu'il souhaitait le même traitement. Je me suis masturbé devant sa figure pendant qu'il me regardait dans les yeux et, de temps en temps, fixait mon méat guettant le moment où ma poix viendrait gicler sur son visage. Quand elle arriva, il ouvrit tout grand la bouche pour en capter le plus possible. J'étais étonné qu'il avalât presque tout. Puis, brusquement, il se leva en lançant : « App nam! App nam! (À la douche!)» Il ramassa ses vêtements et alla s'enfermer dans la salle de bain. Quand il en ressortit, une quinzaine de minutes plus tard, il était complètement lavé, bien sûr, mais aussi recoiffé, vêtu et prêt à partir. Il ouvrit la porte, se retourna et me lança : «Fenn dii! (Fais de beaux rêves!)» Puis il disparut dans le jardin et dans la nuit.
Deux jours plus tard, c'était au tour de Chatchoï et de Tanom de venir avec moi à Phuket Town pour acheter leurs baskets. Je suis certain qu'ils étaient joyeux et excités comme des enfants, cela se sentait, malgré leur figure impavide. Suthaï était le seul des trois à sourire et à démontrer le caractère bon-enfant qui caractérise généralement les Thaïlandais. Mais, les trois étaient du Nord-est. Ils avaient ce tempérament farouche, sauvage et refermé devant les étrangers. Il fallait du temps pour qu'ils deviennent confiants et à l'aise. En somme, Suthaï était une exception. Et puis, Chatchoï était bien jeune. Comme je l'ai dit, il ne devait pas avoir plus de 16 ans. C'était un ado timide, inquiet et manquant de confiance en lui. Mais, malgré de très longs moments de silence et d'interminables tergiversations quant au meilleur choix à faire pour leurs chaussures, ils finirent par se décider et le retour à Patong fut plus relaxe et décontracté. Faut dire que les deux ne parlaient pas et ne comprenait pas du tout l'Anglais et mon Thaï était basique et fonctionnel. Je ne pouvais donc pas poursuivre de longues conversations en Thaï. L'usage de l'Anglais et du Thaï permettait de combiner «chimiquement» les informations et d'atteindre presque miraculeusement une compréhension inespérée.
Le lendemain du retour de Phuket Town, je vis Chatchoï tourner curieusement autour de mon bungalow. Il faisait vraisemblablement semblant de travailler à racler les feuilles. Il semblait plutôt attendre que je me réveille ou que je sorte pour lui parler. Quand j'ai ouvert la porte, il a enlevé ses chaussures qu'il a retournées à l'envers pour qu'on ne les reconnaisse pas, les a déposées sur les marches et il est entré précipitamment dans le bungalow.
Il alla directement s'assoir sur le bord du lit et resta silencieux, comme interdit de mouvement et me regarda fixement. Intérieurement, il avait l'air de trembler comme un voleur à l'instant de commettre son forfait. Je n'osais pas rompre ce silence que je trouvais très excitant, mais, en même temps, je sentais qu'il fallait que je fasse quelque chose. Il avait besoin que je l'aide à quelque chose. Finalement, je me décidai : « Il y a quelque chose qui ne va pas, Chatchoï?» lui dis-je enfin. Ma question le heurta comme une gifle. Il releva la tête et me regarda droit dans les yeux. C'était comme si désormais il ne pouvait plus éluder la situation. Il était allé trop loin. Il devait maintenant faire ou dire quelque chose.
Il prit une grande respiration, porta la main sur sa braguette et chuchota : « Maï mii sek, sawng aathit! (Je n'ai pas eu de sexe depuis deux semaines!)» «Tu veux que je t'aides?» lui demandais-je doucement. Il baissa la tête et rougit. Je ne l'ai pas laissé languir plus longtemps. Je me suis mis à genoux devant lui et j'ai baissé son short de travail. Le slip qu'il portait dégagea une odeur qui n'avait plus rien à voir avec l'héliotrope de son camarade de travail. Le slip avait déjà été couleur pêche mais il était maintenant quelque chose entre le vieux rose, le jaune pipi et le brunâtre de cernes sales. Il était parsemé de petits trous et l'un d'eux, un peu plus grand, laissait sortir la pointe de son gland qui hurlait pour sortir de là. Des taches rigides et croustillantes montraient qu'il avait juté sinon du sperme du moins de longues traînées de liquide pré-éjaculatoire abondamment produit par ses fantasmes. En baissant son slip, j'ai découvert une merveille. Il avait une queue du tonnerre pour son âge. Elle était forte et large; sa main, pourtant assez grande, n'arrivait pas à la circonscrire complètement. Le gland mauve et tendu coiffait le manche de bambou comme un casque de fer et ses couilles, larges comme des ?ufs ou presque semblaient au bord d'exploser dans une poche gonflée à bloc.
Il n'était pas circoncis, comme presque tous les Thaïs bien sûr, mais la peau de son prépuce glissait facilement sur le gland le découvrant et le couvrant avec la grâce et la souplesse d'une tortue rentrant et sortant la tête de sa carapace.
Je m'amusais à la faire glisser et à couvrir et découvrir son beau gland mauve et rose. Mais quand je vins pour mettre la langue sur le frein, non seulement l'odeur de fromage vieux et fort envahit-elle mes narines, mais des ourlais de crème blanchâtre étaient collés dans les replis. Même si j'étais plutôt ouvert à des expériences nouvelles et qu'un peu de «fromage» de garçon, eut été une belle initiation, celui-là ne pouvait convenir qu'à un grand connaisseur et j'étais encore seulement un apprenti amateur. Je suis allé chercher une serviette mouillée et j'ai nettoyé sommairement la merveille offerte. Il restait encore suffisamment d'odeurs et de saveurs pour un breakfast original et goûteux sans qu'il soit pour autant complètement passé.
Lentement, j'ai mis tout mon talent à lui lécher le frein en le mordillant de temps à autre. Il gémissait et disait des «oh!» et des «mercis». Je disposais ma langue de manière à ce que son gland glisse confortablement sur ma langue et je me préparais à une longue session de suçage.
C'était ne plus se rappeler son âge ni le temps qu'avait duré son abstinence. Après quelques bons coups de langue, il inspira fortement puis relâcha son souffle en même que sa purée. Il se laissa choir sur le lit et reprit ses esprits après quelques minutes. Puis, il se leva, tenta de remettre ses vêtements en disant : « Paï tam ngnan (je dois aller travailler)». J'ai retenu son slip en disant : « Thii nii, sak seua paa. Klap maa sii moung yen! (Cela, je vais le laver. Reviens à 16 heures)» Il me remercia, remonta son short sans son slip et sortit rapidement.
Vous vous doutez bien de ce que j'ai fait après son départ. Installé dans mon fauteuil, son slip sous le nez et ma langue parcourant les recoins qui avaient conservés le plus de ses odeurs intimes, je me suis branlé avec une féroce intensité et ma jouissance a été tout particulièrement intense.
Il est revenu à 16 heures. Son slip était propre et sec. Mais, moins gêné cette fois-ci, il a voulu recommencer l'activité du matin. Il a baissé son short. Il était déjà bandé. Car il savait qu'en revenant me voir pour récupérer son slip, il lui suffisait, cette fois-ci, d'amorcer un geste pour obtenir son plaisir.
Il s'installa sur le lit, sa belle et grosse queue d'une main s'appuyant sur un coude de l'autre, tout en regardant dans ma direction comme pour me suggérer une action. Je me suis mis tout nu. C'était la première fois qu'il me voyait nu. Ses yeux étaient satisfaits de ce qu'il voyait et sa queue donna quelques bons coups de redressement en signe de reconnaissance.
J'ai approché le fauteuil du bord du lit, environ 50 centimètres du bord du lit. J'ai écarté les jambes lui découvrant mon sexe et lui donnant un show. Il posa ses jambes sur les bords de mon fauteuil et, ensemble, tout en se regardant tantôt dans les yeux tantôt le sexe, on s'est masturbé jusqu'à la jouissance. Quand on eut récupéré de nos branlettes, il me regarda et, pour une rare fois, je le vis sourire franchement et même rire. Il me dit «merci beaucoup», encore une fois et il ajouta qu'il viendrait le lendemain matin vers 8 heures.
Il revint effectivement le lendemain vers 8 heures, et à l'heure du déjeuner, et à 16 heures et me demanda de venir en soirée. En soirée, un soir sur deux, je voyais Suthaï. Et puis, il me vidait. Je n'avais pas 15 ans tout de même!
Quand je suis parti, un mois plus tard, il pleurait. Je n'imaginais pas alors que trois ans plus tard, Chatchoï allait jouer un rôle important dans ma vie. Je l'ai retrouvé dans un bar à garçons de Bangkok où il était au bord du désespoir et du suicide. Je l'ai amené avec moi à Patong, mais cette fois-ci en vacances. Il habitait avec moi. Nous sommes devenus des amants. Nous avons exploré des avenues magnifiques tant sur le plan sexuel qu'émotif. Notre séparation fut déchirante. Mais je lui avais trouvé un bon emploi dans un petit hôtel tenu par des amis suisses à Chalong. On se téléphonait car il ne pouvait pas écrire en Anglais et je ne pouvais pas écrire en Thaï. Il a travaillé chez mes amis durant six ans. Puis, il est parti, il est retourné dans sa terre d'Isarn dans le Nord-est. Je ne sais plus ce qu'il est devenu.
Quelques jours après le début de mes nombreuses branlettes avec Chatchoï, mes jeunes jardiniers m'annoncèrent qu'il y aurait une grande joute de compétition de foot sur la plage vers 17h30. Ils souhaitaient que je vienne les supporter bien sûr, et ils le désiraient d'autant plus qu'ils allaient porter les ensembles t-shirt, shorts, baskets et chaussettes que je leur avais achetés. Ils les avaient déjà portés, mais ils réservaient l'ensemble pour les joutes d'importance.
Aussi étais-je déjà allé les voir et les revoir jouer. Ils avaient perdus et gagnés à quelques reprises. Mais ce soir-là, c'était la grande joute. Et ils l'ont gagnée.
Pour fêter leur victoire, comme pour les aider à se remettre de leurs défaites, je les ai invité à prendre un verre au bar de la piscine de l'hôtel. Ils étaient autorisés à le faire en dehors de leurs heures de travail. La discussion porta sur le jeu de chacun et je constatai que, même s'ils avaient gagné, ils n'étaient pas très fiers du jeu de leur compagnon Tanom, le grand mince qui ne souriait jamais. Suthaï lui rappela alors qu'il devrait donc me payer en «nature» la dépense que j'avais faite pour lui.
Je ne me souvenais plus de cette blague que j'avais lancé presque au hasard quelques semaines plus tôt. Je dis «presque au hasard» parce que, à ce moment là, je souhaitais laisser paraître un certain intérêt à faire «des choses» avec eux. Mais, depuis ce temps, Suthaï venait régulièrement baiser avec moi aux deux jours et Chatchoï plusieurs fois par jour. J'étais comblé et je ne cherchais rien de plus. Mais la remarque de Suthaï parut rendre Tanom très mal à l'aise. Pour le rassurer, je lui dis que mes paroles n'avaient été qu'une blague et que le plaisir que j'éprouvais à lui procurer un peu de bonheur était aussi intense à son égard que celui que j'éprouvais à faire plaisir à ses copains. Il parut rassuré_ il sourit pour une très rare fois_ mais parut aussi un peu déçu.
On se quitta vers 20h. Ce soir-là, Suthaï ne devait pas venir. J'avais donc tout mon temps pour traîner dans la rue après dîner et «faire la cour» à mes petits vendeurs de parasols dont je parlerai dans un autre épisode. J'ai dû rentrer vers 23h.
Assis au fond du petit balcon de mon bungalow, il y avait là le grand Tanom, tout beau, douché, changé et embaumant lui aussi l'héliotrope. Il avait dans la main quelques branches de fleurs de frangipanier. J'avais déjà raconté, en causant avec ces jeunes jardiniers devenus mes compagnons, que j'adorais le parfum de ces fleurs.
Timidement, tentant avec effort de sourire, il me tendit le bouquet en me disant que c'était pour moi. Après l'avoir remercié, je lui ai demandé s'il attendait là depuis longtemps. «Depuis une bonne heure» me répondit-il. Alors, je m'empressai de le faire rentrer. J'ai mis les fleurs dans un verre d'eau et je suis venu m'assoir sur le bord du lit car il avait pris l'unique fauteuil. Nous sommes restés silencieux quelques bonnes minutes?.ce qui parut très long. Puis, je suis venu à son secours car il restait muet, la tête baissée. Des rougeurs étaient visibles autour de son cou. « Qu'est-ce qui ne va pas, Tanom?» lui ai-je demandé très doucement. Il finit par murmurer que probablement je ne l'aimais pas et il voulait savoir pourquoi. Personne ne l'aimait me dit-il. Je ne comprenais pas pourquoi il avait pu imaginer cela. J'ai donc multiplié les questions.
J'ai fini par apprendre que les deux autres avaient parlé et lui avaient raconté qu'ils baisaient avec moi, qui aux deux jours, qui plusieurs fois par jour. Il était donc jaloux.
Je lui ai alors raconté que je le trouvais beau, très beau même, et que je l'aimais autant que les autres. Mais, comme il ne parlait jamais, ne souriait presque jamais, ne manifestait aucun intérêt particulier envers moi, j'avais décidé de respecter son silence sa gêne ou sa retenue. Aussi, je lui ai dit que c'était les autres qui avaient fait les premiers pas vers moi et non pas le contraire. Cela parut le rassurer suffisamment pour qu'il dise : «Veux-tu faire l'amour avec moi?» Je n'en croyais pas mes yeux! Dans aucun autre pays au monde, trois beaux garçons comme eux ne se seraient offerts ainsi sexuellement, comme sur un plateau d'argent, à un homme qui dépassait un peu la quarantaine. J'avais l'impression de vivre un moment unique.
Je me suis levé et j'ai avancé vers lui. Je lui ai dit un gros merci pour les fleurs qui me paraissaient une délicate et tendre attention et j'ai apposé mes lèvres sur les siennes. Sa bouche s'est ouverte, il a pris une grande respiration et sa langue a cherché refuge sur la mienne.
Je l'ai pris par la main, je l'ai conduit au lit, déshabillé et je me suis allongé sur lui après avoir retiré mes vêtements. Il me serra très fort et me chuchota dans l'oreille qu'il n'avait jamais fait cela avec personne. C'était une première fois! Quelle responsabilité! Mais quel merveilleux moment aussi!
On s'est embrassé longtemps. Puis j'ai descendu lentement son long et beau corps effilé. Je l'ai caressé partout, léché partout et j'ai sucé tout ce qui pouvait l'être. Il m'a rendu la pareille dès qu'il a senti que je faisais une courte pause.
J'ai léché son beau petit cul rond et sans poil en me gavant des plaintes de plaisir qu'émettait sa gorge et des frissons qui parcouraient son corps de velours. Il a joui dans ma bouche et moi dans la sienne. Puis je l'ai invité à dormir avec moi. Tu diras à tes compagnons, lui dis-je, que tu as découché sans rien leur dire d'autre. Si tu pars à 7 heures, personne ne saura rien.
« Mais Chatchoï viendra à 8 heures», me dit-il. «Je te promets que je n'ouvrirai pas, lui dis-je, cette nuit est pour nous deux seulement. Elle ne se partage pas». Pour la première fois depuis que je le connaissais, il arbora un large et franc sourire, sans tristesse et sans regret.
J'ai donc commencé à le voir, à tous les deux soirs, en alternance avec Suthaï. Toutefois, contrairement à ce dernier, il restait à dormir avec moi. Après quelques rencontres, il demanda pour que je l'encule et il voulut ensuite le faire à son tour. C'était un amant merveilleux, d'une extraordinaire douceur et d'une infinie tendresse tout en étant délicieusement cochon tant en paroles qu'en gestes. Malheureusement, je n'arrivais pas à saisir le sens érotique de toutes ses paroles, langue asiatique oblige. Mais ses yeux pleins de fantasmes parlaient aussi bien que ses mots.
Six semaines après mon arrivée à Patong, il me fallait bien songer à rentrer à Bangkok. Je n'avais reçu aucune nouvelle de David. Faut dire que je m'étais attardé plus longtemps que prévu. J'avais bien hâte d'aller à la poste restante de Bangkok pour savoir s'il m'avait écrit et ce qu'il était devenu.
Les adieux avec mes petits jardiniers furent difficiles et touchants. Chacun eut son soir pour «pleurer sur mon épaule». Comme je vous l'ai dit précédemment, Chatchoï jouera un rôle dans ma vie trois ans plus tard. Mais, j'ai aussi retrouvé le grand Tanom dans son village de Ban Na Po dans le Nord-est lors d'un subséquent voyage. J'ai vécu avec lui de nouveaux grands et beaux moments. Mais c'est aussi une autre histoire.
Un dimanche matin pluvieux, ce n'est donc pas sans une grande tristesse que je montais dans le car pour Surat Thani afin d'y attraper l'Express de nuit Surat-Bangkok.
Alexandre
À suivre??.Bangkok Blues 7 : Éventails et Parasols